Le chef de la police au Lesotho a accusé le Premier ministre Thomas Thabane d’être impliqué dans l’assassinat de son épouse en 2017, selon des documents transmis à la justice de ce petit pays d’Afrique australe consultés lundi par l’AFP. Lipolelo Thabane, 58 ans, avait été tuée par balles en juin 2017, deux jours avant l’investiture de son époux au poste de Premier ministre. Le couple était en instance de divorce depuis des années.
Dans une déclaration sous serment transmise à la justice et obtenue lundi par l’AFP, le chef de la police Holomo Molibeli a accusé M. Thabane, 80 ans, d’être « impliqué » dans ce meurtre.
M. Molibeli avait adressé au Premier ministre une lettre datée du 23 décembre 2019 où il faisait le point sur l’enquête.
Il y faisait notamment état d’un appel téléphonique localisé sur le lieu du crime et passé depuis le téléphone portable de Thomas Thabane.
Dans la foulée de son rapport, le Premier ministre a démis la semaine dernière le chef de la police de ses fonctions en dénonçant une vague de « brutalité policière » constatée sous ses ordres depuis octobre 2017.
Le chef de la police a réfuté ces accusations et attribué son limogeage à l’enquête sur l’assassinat de Lipolelo Thabane. La « réponse » du Premier ministre « a été de me renvoyer », a-t-il écrit dans sa déclaration sous serment.
Holomo Molibeli a saisi la justice pour obtenir l’annulation de son limogeage, suspendu le temps de la procédure judiciaire.
Interrogé lundi par l’AFP, un porte-parole du Premier ministre, Relebohile Moyeye, s’est dit « très surpris de voir sur les réseaux sociaux une lettre que le Premier ministre n’a pas reçue » et s’est refusé à tout commentaire sur le fond.
Thomas Thabane s’était remarié quelques mois après l’assassinat de son épouse.